Touristique   

Location meublée touristique : les nouvelles règles en 2025

Publié le February 3, 2025 par Bernard Charlotin
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Location meublée touristique : les nouvelles règles en 2025

La loi Le Meur, adoptée le 19 novembre 2024 et entrée en vigueur le 1er janvier 2025, bouleverse la fiscalité des locations meublées touristiques en France. Ce projet de loi répond à un double enjeu : réguler l'hébergement touristique dans les zones tendues tout en préservant l'accès au logement pour les résidents locaux.

Avec l'explosion des locations de courte durée via des plateformes comme Airbnb, le législateur a souhaité encadrer strictement l'activité de location meublée, qu'il s'agisse de meublés de tourisme, de gîtes ou de chambres d'hôte. Les nouveaux taux d’abattement et les règles de déclaration renforcées redéfinissent les stratégies des propriétaires.

Cet article décrypte les nouvelles règles issues de la loi du 19 novembre, en distinguant les régimes applicables aux différents types de locations et en analysant leurs implications sur l'impôt sur le revenu, le régime micro-BIC ou le régime réel. Une attention particulière est portée aux enjeux de transition écologique, avec l’obligation du diagnostic de performance énergétique (DPE), et aux modifications des règlements de copropriété.

Table des matières
I. Nouvelles règles fiscales pour les meublés de tourisme
   A. Modifications du régime micro-BIC
   B. Abattements fiscaux selon le type de location
   C. Modification des règles fiscales au bénéfice réel
II. Situation spécifique des gîtes
   A. Définition d'un gîte dans le cadre de la loi Le Meur
   B. Application des nouvelles règles fiscales aux gîtes
   C. Obligations déclaratives et administratives
III. Cas particulier des meublés de tourisme classés
   A. Critères de classement des meublés de tourisme
   B. Avantages fiscaux maintenus pour les meublés classés
   C. Procédure de classement et son importance
IV. Régime fiscal des chambres d'hôtes
   A. Définition légale et critères d'application
   B. Avantages fiscaux modulés
V. Locations meublées non touristiques
   A. Définition et critères de distinction
   B. Conséquences pour les propriétaires
VI. Implications pratiques pour les propriétaires
   A. Nouveaux impératifs réglementaires
   B. Stratégies d'optimisation fiscale
   C. Sanctions et contrôles renforcés

I. Nouvelles règles fiscales pour les meublés de tourisme

A. Modifications du régime micro-BIC

Le régime micro-BIC, applicable aux loueurs en meublé non professionnels (LMNP), connaît des changements importants à partir de janvier 2025. La nouvelle loi modifie les plafonds et les taux d'abattement forfaitaire, impactant directement l'imposition des revenus locatifs.

Nouveau plafond de revenus

Le plafond de chiffre d'affaires pour l'éligibilité au régime micro-BIC est désormais fixé à 77 700 € pour les meublés de tourisme classés et les chambres d'hôtes. Cette baisse significative par rapport à l'ancien seuil de 188 700 € vise à limiter l'avantage fiscal pour les propriétaires de multiples biens en location touristique.

Pour les meublés de tourisme non classés, le plafond est réduit à 15 000 € de revenus locatifs annuels contre 77 700 € précédemment. Cette distinction encourage les propriétaires à faire classer leurs hébergements touristiques pour bénéficier d'un régime fiscal plus avantageux.

Réduction de l'abattement forfaitaire

L'abattement forfaitaire, qui permet de déterminer le revenu imposable dans le cadre du régime micro-BIC, a également été revu à la baisse pour certaines catégories de locations meublées touristiques.

B. Abattements fiscaux selon le type de location

La loi Le Meur introduit une différenciation des taux d'abattement fiscal selon le type de location meublée touristique, créant ainsi une hiérarchie fiscale entre les différentes formes d'hébergement.

Meublés de tourisme classés

Les meublés de tourisme classés bénéficient d'un abattement fiscal de 50% sur leurs revenus locatifs. Ce taux, bien que réduit par rapport à l'ancien régime (70%), reste plus avantageux que celui appliqué aux meublés non classés, incitant les propriétaires à faire classer leurs biens.

Meublés de tourisme non classés

Pour les meublés de tourisme non classés, l'abattement fiscal est fixé à 30% (contre 50% précédemment). Cette réduction vise à encourager les propriétaires à améliorer la qualité de leurs hébergements et à obtenir un classement officiel.

Impact sur le calcul de l'impôt

Ces nouveaux taux d'abattement ont un impact direct sur le calcul de l'impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux. Par exemple, pour un chiffre d'affaires de 50 000 € :

  • Un meublé classé aura un revenu imposable de 25 000 € (50 000 € - 50% d'abattement)
  • Un meublé non classé aurait un revenu imposable de 35 000 € (50 000 € - 30% d'abattement). Mais, il ne peut plus bénéficier de ce régime micro-BIC au regard du plafond des recettes.

Cette différence significative incite fortement les propriétaires à faire classer leurs biens pour optimiser leur fiscalité.

C. Modification des règles fiscales au bénéfice réel

Aucune modification n’a pour le moment été adoptée concernant les règles d’imposition au bénéfice réel que ce soit dans la Loi Le Meur ou dans le cadre de la Loi de Finances pour 2025.

Il est toutefois question de déduire les amortissements pratiqués du prix de revient pour le calcul de la plus-value en cas de revente. Ce qui reviendrait à majorer fortement la plus-value et donc les prélèvements fiscaux en cas de revente avant 30 ans.

Cette disposition pourrait toutefois faire l’objet d’une adoption future. Il convient donc de rester attentif aux évolutions législatives.

II. Situation spécifique des gîtes

Les gîtes, forme populaire d'hébergement touristique en zone rurale, sont également concernés par les nouvelles dispositions fiscales de la loi Le Meur.  Il convient donc de rester attentif aux évolutions législatives.

A. Définition d'un gîte dans le cadre de la loi Le Meur

Bien que la loi ne donne pas de définition spécifique des gîtes, ils sont généralement considérés comme des meublés de tourisme situés en zone rurale. À ce titre, ils sont soumis aux mêmes règles fiscales que les autres meublés de tourisme, avec quelques particularités.

B. Application des nouvelles règles fiscales aux gîtes

Les gîtes sont soumis aux mêmes plafonds et taux d'abattement que les autres meublés de tourisme. Ainsi, un gîte classé bénéficiera de l'abattement de 50%, tandis qu'un gîte non classé sera soumis à l'abattement de 30%.

Il est important de noter que certains acteurs du secteur plaident pour un traitement fiscal différencié des gîtes, arguant de leur rôle dans le développement touristique des zones rurales. Cependant, à l'heure actuelle, aucune disposition spécifique n'a été adoptée.

C. Obligations déclaratives et administratives

Les propriétaires de gîtes sont soumis aux mêmes obligations déclaratives que les autres loueurs en meublé touristique. Ils doivent notamment :

  • Déclarer leur activité en mairie
  • Obtenir un numéro d'enregistrement si la commune l'exige
  • Respecter la limite de 120 jours de location par an pour les résidences principales (ou 90 jours) si la commune a adopté cette restriction

III. Cas particulier des meublés de tourisme classés

Les meublés de tourisme classés bénéficient d'un traitement fiscal plus avantageux, ce qui incite les propriétaires à entreprendre cette démarche.

A. Critères de classement des meublés de tourisme

Le classement des meublés de tourisme est une procédure volontaire qui permet d'obtenir de 1 à 5 étoiles. Les critères de classement incluent :

  • La qualité et l'état des équipements
  • Les services proposés aux clients
  • L'accessibilité et le développement durable

B. Avantages fiscaux maintenus pour les meublés classés

Malgré la réduction de l'abattement forfaitaire, les meublés de tourisme classés conservent un avantage fiscal significatif par rapport aux non classés :

  • Abattement de 50% contre 30% pour les non classés
  • Plafond de chiffre d'affaires plus élevé pour le régime micro-BIC (77 700 € contre 15 000 €)

C. Procédure de classement et son importance

La procédure de classement implique une visite de contrôle par un organisme accrédité. Le classement est valable pour une durée de 5 ans. Dans le contexte de la nouvelle fiscalité, cette démarche prend une importance accrue pour les propriétaires souhaitant optimiser leur imposition.

IV. Régime fiscal des chambres d'hôtes

A. Définition légale et critères d'application

Les chambres d'hôtes bénéficient du même traitement fiscal distinct que les meublés de tourisme classés depuis la loi du 19 novembre 2024

Pour être reconnue comme telle, l'activité doit répondre à trois critères :

  • Hébergement occasionnel dans la résidence principale du propriétaire
  • Service de petit-déjeuner obligatoire
  • Maximum de 5 chambres proposées

Nouveauté 2025 : Le plafond de revenus pour l'application du régime micro-BIC passe à 77 700 € annuels contre 188 700 € précédemment. Ce changement vise à limiter les dérives commerciales de cette activité.

B. Avantages fiscaux modulés

Les chambres d'hôtes conservent un abattement fiscal de 50% sous conditions :

  • Obligation d'affichage des prix en mairie
  • Fourniture d'un diagnostic de performance énergétique (DPE) dès 2034

V. Locations meublées non touristiques

A. Définition et critères de distinction

La nouvelle loi introduit une distinction claire entre :

  • Locations touristiques (< 90 jours consécutifs)
  • Locations de longue durée (> 90 jours)

Les locations non touristiques relèvent désormais du régime LMNP classique avec un abattement de 30% sur les revenus (vs 50% précédemment) dans le cadre du régime Micro-BIC.

B. Conséquences pour les propriétaires

  • Obligation déclarative renforcée : déclaration trimestrielle en mairie pour les zones tendues
  • Sanction jusqu'à 10% du revenu locatif en cas de fausse déclaration sur la durée de location
  • DPE obligatoire dès la mise en location, avec interdiction de louer les logements classés F/G à partir de 2034

"La loi Le Meur marque un tournant dans la fiscalité des locations en alignant progressivement le régime des locations meublées non professionnelles sur celui des locations nues." - Extrait des débats à l'Assemblée nationale

VI. Implications pratiques pour les propriétaires

A. Nouveaux impératifs réglementaires

  1. Déclaration en mairie obligatoire avant toute mise en location
  2. Respect des règlements de copropriété révisés :
    1. Autorisation préalable pour les locations saisonnières
    2. Quota maximal de 20% de logements dédiés au tourisme dans les immeubles
  3. 3.    Diagnostic énergétique :
    1. DPE de classe E minimum exigé dès 2025
    2. Objectif A/B d'ici 2034 (transition écologique)

B. Stratégies d'optimisation fiscale

  • Conversion en meublé de tourisme classé pour bénéficier du taux d'abattement forfaitaire à 50%
  • Basculer en régime réel au-delà de 15 000 € de revenus 
  • Intégrer les frais de rénovation énergétique dans les charges déductibles

C. Sanctions et contrôles renforcés

  • Amendes jusqu'à 15 000 € pour non-respect des durées de location maximales
  • Contrôle croisé entre déclarations fiscales et données Airbnb/Booking
  • Service public de vérification DPE mis en place dès mars 2025

 

En synthèse, la nouvelle fiscalité introduite par la loi Le Meur marque un tournant historique pour le secteur de la location meublée touristique. En abaissant les plafonds du régime micro-BIC, en modulant les abattements fiscaux selon le classement des hébergements et en durcissant les contrôles sur la durée de location, le législateur cherche à rééquilibrer les marchés immobiliers locaux.

Les propriétaires de meublés de tourisme classés conservent un avantage fiscal significatif (50% d’abattement), incitant à l’amélioration de la qualité de l’hébergement touristique. À l’inverse, les locations saisonnières non régulées en zone tendue font l’objet de restrictions inédites, avec une possible  limite maximale de 90 jours de location annuels et des sanctions pour fausse déclaration.

La mise en place obligatoire du DPE dès 2025 et l’interdiction progressive des logements énergivores illustrent l’intégration des enjeux de transition écologique dans la fiscalité locative. Parallèlement, les règlements de copropriété évoluent pour limiter l’impact des locations de courte durée sur la vie des résidents.

Pour les loueurs, l’adaptation à cette nouvelle loi implique :

  • Une vigilance accrue sur les déclarations en mairie et les autorisations de changement d’usage
  • Une optimisation fiscale via le régime réel ou le classement des hébergements
  • Des investissements dans la rénovation énergétique pour respecter les exigences du DPE

Avec ces mesures visant à renforcer l’équilibre entre tourisme et habitat permanent, la loi Le Meur redessine les contours de la location meublée en France, tout en ouvrant des pistes de réflexion sur la régulation des plateformes numériques et la préservation du service public du logement.