L'exploitation agricole et le bail rural sont deux éléments étroitement liés dans le paysage agricole français. Le bail rural constitue en effet le cadre juridique principal permettant à de nombreux agriculteurs d'accéder aux terres nécessaires à leur activité, sans en être propriétaires. Bref, difficile d'acheter une exploitation agricole sans signer un bail rural.
Nous sommes régulièrement sollicités par des internautes confrontés à un problème particulier lié aux baux ruraux :
Nous orientons généralement ces demandeurs vers des professionnels du droit. En effet, chaque situation est particulière et il est nécessaire de prendre le temps d’examiner avec précision tous les éléments pour apporter une réponse sûre.
Il nous a toutefois paru intéressant de vous présenter les principales règles des baux ruraux. En effet, la majorité des problèmes prennent leur origine dans la méconnaissance du statut du fermage. Si les parties, fermier et bailleur, avaient compris les particularités des baux, beaucoup de ces problèmes auraient été évitées.
Cet article d'introduction vise à donc à présenter les grands principes régissant cette relation cruciale entre l'exploitation agricole et le bail rural en France.
Le bail rural, également appelé bail à ferme, est un contrat de location spécifique au domaine agricole. Il s'agit d'un accord conclu entre un propriétaire foncier (le bailleur) et un exploitant agricole (le preneur), permettant à ce dernier d'utiliser des terres ou des bâtiments agricoles en échange d'un loyer.
Le bail rural présente plusieurs caractéristiques distinctives :
Le bail rural joue un rôle crucial dans le fonctionnement et le développement de nombreuses exploitations agricoles en France. Voici pourquoi :
Pour de nombreux agriculteurs, notamment les jeunes qui s'installent, l'achat de terres agricoles représente un investissement considérable. Le bail rural offre une alternative viable, permettant d'accéder aux terres nécessaires à l'exploitation sans mobiliser des capitaux importants.
On peut ainsi noter que 51% des terres sont exploitées en France dans le cadre d’un bail rural. Le solde étant réparti entre les terres en propriétés des exploitants et les terres mises à disposition par des personnes à une société dont elles sont associées.
La durée minimale de 9 ans du bail rural offre à l'exploitant une certaine sécurité. Cette période lui permet de planifier ses activités à moyen terme, d'investir dans l'exploitation et de développer son activité sans craindre une expulsion à court terme.
Le bail rural autorise, sous certaines conditions, la mise à disposition des terres louées à une société d'exploitation agricole. Cette possibilité offre une flexibilité accrue aux agriculteurs dans la structuration de leur activité.
En tant que preneur d'un bail rural, l'exploitant agricole a plusieurs responsabilités importantes :
Le preneur doit se consacrer à l'exploitation des biens loués de manière effective et permanente. Cette obligation est fondamentale et son non-respect peut entraîner la résiliation du bail.
L'exploitant doit s'acquitter régulièrement du loyer convenu avec le propriétaire. Ce loyer, appelé fermage dans le cadre d'un bail rural, est généralement réglementé et encadré par des arrêtés préfectoraux.
L'exploitant doit respecter l'ensemble des clauses du bail, notamment celles concernant l'entretien des biens loués et les pratiques culturales.
Dans certains cas, comme la mise à disposition des terres à une société d'exploitation, le preneur a l'obligation d'informer le propriétaire. Cette information doit être faite dans des délais précis et selon un formalisme spécifique.
Le bail rural se distingue des autres types de baux par plusieurs aspects :
Le statut du fermage, qui régit les baux ruraux, offre une protection importante au preneur. Par exemple, le renouvellement du bail est de droit, sauf si le propriétaire peut invoquer un motif sérieux et légitime.
Contrairement à de nombreux autres types de baux, les loyers des baux ruraux sont strictement encadrés. Ils sont fixés en fonction de fourchettes définies par arrêté préfectoral.
Le preneur d'un bail rural bénéficie d'un droit de préemption en cas de vente des terres qu'il exploite. Cette disposition renforce le lien entre l'exploitant et les terres qu'il cultive.
Le bail rural constitue un pilier fondamental de l'organisation de l'exploitation agricole en France. Il permet à de nombreux agriculteurs d'accéder aux terres nécessaires à leur activité, tout en bénéficiant d'un cadre juridique protecteur. Cependant, ce statut implique également des responsabilités importantes pour l'exploitant, notamment en termes d'exploitation effective des terres et de respect des clauses du bail.
Dans les prochains articles de cette série, nous explorerons plus en détail les différents aspects du bail rural, tels que sa conclusion, son renouvellement, les droits et obligations des parties, ainsi que les spécificités liées à certains types d'exploitations agricoles.
Cette compréhension approfondie du bail rural est essentielle pour tout acteur du monde agricole, qu'il soit propriétaire foncier, exploitant en place ou futur agriculteur.
Note de l’auteur : Les informations que nous vous présentons ont un caractère purement informatif et pédagogique et ne peuvent se substituer à une analyse réalisée par un professionnel du droit rural. En cas de conflit, difficulté, … nous vous invitons à vous rapprocher d’un de ces professionnels (avocats, notaires, juristes en droit rural, …).