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La fiscalité des propriétés équestres : ce qu'il faut savoir

Publié le September 25, 2024 par Bernard Charlotin
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La fiscalité des propriétés équestres : ce qu'il faut savoir

La fiscalité des propriétés équestres est un domaine complexe qui nécessite une bonne compréhension des différents régimes applicables. Cet article vise à éclaircir les principaux aspects fiscaux à prendre en compte pour les propriétaires d'équidés et ou futurs propriétaires d'exploitations équestres.

Table des matières
1. 
Les différents types de revenus et leur imposition
    1.1 Revenus agricoles
    1.2 Revenus des compétitions
    1.3. Revenus commerciaux
2. Le choix du statut juridique et fiscal
    2.1 Entreprise individuelle vs société
    2.2 Séparer le foncier de l'entreprise
3. Les régimes d'imposition spécifiques
    3.1 Le régime micro-BA
    3.2 Le régime réel
    3.3 Option pour l'impôt sur les sociétés
    3.4 TVA applicable aux activités équestres
4. Optimisation fiscale et exonérations
    4.1 Exonérations sur les droits de transmission
    4.2 Exonération d'IFI pour le patrimoine professionnel
    4.3 Plus-values
    4.4 Dispositifs spécifiques au secteur équin
5. Charges sociales MSA des activités équestres
    5.1 Affiliation à la MSA
    5.2 Calcul des cotisations
    5.3 Particularités du régime social agricole
    5.4 Exonérations et allègements
6. Cas particuliers et points d'attention
    6.1 Chevaux de course
    6.2 Activités de spectacle
    6.3 Éleveurs sans sol
7. En conclusion
8. En savoir plus

Les différents types de revenus et leur imposition

Revenus agricoles

Les activités de préparation, d'entraînement et d'exploitation des équidés domestiques sont considérées comme agricoles. Les revenus tirés de ces activités sont donc imposables dans la catégorie des bénéfices agricoles. Cela concerne notamment :

  • L'élevage de chevaux
  • Le dressage
  • La prise en pension avec préparation des équidés
  • L'exploitation de centres équestres

Revenus des compétitions

Les gains de course et les primes perçus par les propriétaires de chevaux sont traités différemment selon le statut du propriétaire:Boxes avec chevaux

  • Propriétaire non intervenant : exonération d'impôt sur le revenu
  • Propriétaire intervenant non professionnel : imposition dans la catégorie des bénéfices non commerciaux (BNC) non professionnels
  • Propriétaire professionnel : imposition dans la catégorie des BNC professionnels

Revenus commerciaux

Certaines activités équestres sont considérées comme commerciales et relèvent donc des bénéfices industriels et commerciaux (BIC). C'est le cas notamment pour :

  • La prise en pension pure (sans préparation des équidés)
  • La location de cheval sans préparation

Le choix du statut juridique et fiscal

Entreprise individuelle vs société

Le choix entre l'entreprise individuelle et la société dépend de plusieurs facteurs:

  • Entreprise individuelle : formalités simplifiées, apport en capital facultatif
  • Sociétés agricoles comme l'EARL, le GAEC, la SCEA, 
  • Sociétés commerciales comme la SARL ou la SAS

Séparer le foncier de l'entreprise

Il est également possible de dissocier les terrains agricoles de l'entreprise équestre : 

  • En achetant le foncier dans le cadre d'un Groupement Foncier Agricole (Société Civile Immobilière de type particulier) et en le louant à l'entreprise individuelle
  • En achetant le foncier à titre individuel et en le louant ou le mettant à disposition d'une société d'exploitation

Il faudra dans ce cas faire attention à ne pas réaliser des constructions sur sol d'autrui.

Cette dissociation permet de déduire un loyer du revenu agricole (moins de revenu agricole en contrepartie de revenus fonciers) ce qui peut faire baisser la base soumise aux cotisations sociales agricoles de la MSA.

Elle permet également de bénéficier d'avantages fiscaux qui peuvent être importants si la location se fait dans le cadre d'un bail à long terme (voir plus loin).

Les régimes d'imposition spécifiques

Le régime micro-BA

Les exploitants équestres dont les recettes annuelles ne dépassent pas 85 800 € peuvent opter pour le régime micro-BA. Le bénéfice imposable est alors égal à 13% des recettes.Droit
C'est un régime simple, qui ne nécessite pas de comptabilité, mais peut être désavantageux si le résultat de l'entreprise est déficitaire. Il est possible dans ce cas d'opter pour un régime de bénéfice réel.

Le régime réel

Au-delà du seuil de 85 800 €, l'exploitation est soumise au régime réel d'imposition. Ce régime permet une déduction plus précise des charges réelles de l'exploitation.
Elle nécessite de tenir une comptabilité.

Option pour l'impôt sur les sociétés

L'option pour l'impôt sur les sociétés peut présenter des avantages, notamment de limiter l'imposition si les revenus ne sont pas distribués aux associés.

TVA applicable aux activités équestres

L'assujettissement à la TVA est obligatoire dès lors que les recettes TTC excèdent 46 000 euros. En dessous de ce seuil, l'activité est soumise au remboursement forfaitaire (RFA) qui permet d'être remboursé d'une partie de la TVA par rapport à une pourcentage des ventes réalisées. Il est bien entendu possible d'opter pour l'assujettissement à la TVA.

Le régime simplifié agricole permet de récupérer la TVA sur les achats effectués et impose de facturer la TVA sur les recettes avec des taux différents selon la nature de chaque activité.

Taux normal (20%)

Sont soumis au taux normal de 20%:

  • Les prises de pension pures
  • Les locations sans préparation des équidés
  • L'enseignement et l'entraînement
  • Les ventes d'équidés pour le sport, les loisirs ou les courses

Taux réduit (5,5%)

Le taux réduit de 5,5% s'applique aux centres équestres pour:

  • L'utilisation des installations sportives (manège, carrière, parcours)
  • Les activités d'animation et de démonstration

Taux intermédiaire (10%)

Le taux de 10% s'applique aux ventes de chevaux destinés à la production agricole ou à la boucherie.

Optimisation fiscale et exonérations

Exonérations sur les droits de transmission

Plusieurs dispositifs permettent de réduire significativement les droits de transmission d'une propriété équestre:

Groupement Foncier Agricole (GFA): Balade à cheval

  • Permet une exonération partielle des droits de mutation à titre gratuit
  • L'exonération est de 75% jusqu'à 300 000 € et de 50% au-delà
  • Condition : mise en place d'un bail à long terme, engagement de conservation des parts pendant au moins 5 ans

Bail à long terme:

  • Exonération de 75% jusqu'à 300 000 € et de 50% au-delà
  • Applicable aux biens ruraux loués par bail à long terme (18 ans minimum)

Pacte Dutreil:

  • Abattement de 75% sur la valeur des biens professionnels transmis
  • Applicable aux entreprises individuelles et aux sociétés
  • Engagement collectif de conservation des titres pendant 2 ans
  • Engagement individuel de conservation pendant 4 ans supplémentaires

Ces mécanismes offrent des abattements importants sur la valeur des biens transmis, permettant une réduction substantielle des droits de succession ou de donation.

Exonération d'IFI pour le patrimoine professionnel

Les biens professionnels, y compris les chevaux et les installations équestres, peuvent être exonérés d'Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) sous certaines conditions:

  • L'activité doit être exercée à titre principal par le propriétaire
  • Les biens doivent être nécessaires à l'exercice de l'activité professionnelle
  • L'exonération s'applique à la totalité de la valeur des biens professionnels

Cette exonération peut représenter une économie importante pour les propriétaires de domaines équestres de valeur.

Plus-values

Le régime des plus-values varie selon le statut du propriétaire:

Propriétaire non intervenant :Calcul

  • Imposition au taux forfaitaire de 30% (12,8% d'impôt sur le revenu + 17,2% de prélèvements sociaux)
  • Abattements pour durée de détention :
    • 50% après 2 ans de détention
    • 65% après 8 ans de détention

Propriétaire intervenant et professionnel :

  • Régime des plus-values professionnelles
  • Possibilité d'exonération totale sous conditions (article 151 septies du CGI):
    • Activité exercée depuis au moins 5 ans
    • Recettes annuelles inférieures à 250 000 € pour une exonération totale
    • Exonération partielle pour des recettes entre 250 000 € et 350 000 €

Attention : bien que les informations principales soient correctes, la fiscalité est un domaine complexe et en constante évolution. Il est toujours recommandé de consulter un professionnel pour obtenir des conseils adaptés à une situation spécifique et à jour avec la législation la plus récente.

Dispositifs spécifiques au secteur équin

Voici quelques dispositifs fiscaux applicables aux exploitations agricoles et également aux entreprises équestres : 

Crédit d'impôt pour dépenses de remplacement :

  • Applicable aux exploitants agricoles, y compris les éleveurs équins
  • Crédit d'impôt de 50% des dépenses engagées pour assurer leur remplacement

Déduction pour aléas (DPA) :

  • Permet de déduire jusqu'à 27 000 € par an du résultat imposable
  • Utilisable en cas d'aléas climatiques, sanitaires, économiques ou familiaux

Moyenne triennale fiscale :

  • Option permettant de lisser l'imposition sur 3 ans pour les exploitants soumis au régime réel
  • Le bénéfice imposable est calculé sur la moyenne des résultats des 3 dernières années
  • Particulièrement avantageuse pour les activités équestres sujettes à des variations de revenus importantes
  • Option valable pour 3 ans, renouvelable tacitement

Amortissement dégressif pour certains équipements :

  • Applicable aux matériels et installations spécifiques à l'activité équestre
  • Permet une déduction fiscale accélérée des investissements

L'optimisation fiscale dans le secteur équestre nécessite une analyse approfondie de chaque situation et une veille constante des évolutions réglementaires. Il est fortement recommandé de consulter un expert-comptable ou un avocat fiscaliste spécialisé dans le domaine équin pour bénéficier de conseils personnalisés et adaptés à votre situation spécifique.

Charges sociales MSA des activités équestres

Les activités équestres relèvent du régime social agricole géré par la Mutualité Sociale Agricole (MSA). Voici les principaux points à retenir :Cheval

Affiliation à la MSA

  • Pour les activités d'élevage : critère de surface minimum d'assujettissement (SMA)
  • Pour les activités équestres : seuil d'assujettissement fixé à cinq équidés
  • Possibilité d'affiliation sur le critère du temps de travail : minimum 1200 heures par an

Calcul des cotisations

  • Cotisations calculées sur le revenu professionnel
  • Base de calcul : bénéfice après abattement du micro-BA ou bénéfice réel selon le régime fiscal choisi

Particularités du régime social agricole

  • Cotisations généralement inférieures à celles du régime général (environ 3,35% de moins selon la Cour des Comptes)
  • Financement des prestations assuré à 17% par les agriculteurs, le reste provenant de la solidarité inter-régimes et de l'État

Exonérations et allègements

  • Exonération partielle de cotisations sociales pour les jeunes agriculteurs
  • Modulation possible des cotisations en fonction des revenus prévisionnels

Il est important de noter que le régime social agricole est en constante évolution. Il est recommandé de se tenir informé des changements législatifs et de consulter un expert-comptable ou la MSA pour obtenir des informations actualisées et adaptées à votre situation spécifique.

Cas particuliers et points d'attention

Chevaux de course

Les propriétaires de chevaux de course bénéficient d'un régime fiscal spécifique, avec une exonération des gains de course pour les propriétaires non intervenants.

Activités de spectacle

Les activités de spectacle équestre sont exclues du champ des activités agricoles et relèvent généralement du régime des BIC.

Éleveurs sans sol

Les éleveurs sans sol sont soumis à des règles particulières et leurs profits peuvent relever des BNC.

En conclusion

La fiscalité des propriétés équestres est un domaine complexe qui nécessite une analyse approfondie de chaque situation. Le choix du statut juridique et fiscal, ainsi que l'optimisation des différents dispositifs d'exonération, peuvent avoir un impact significatif sur la rentabilité d'une exploitation équestre. Il est recommandé de consulter un expert-comptable ou un avocat fiscaliste pour bénéficier d'un conseil personnalisé et adapté à votre situation spécifique.

La filière équine en France bénéficie de certains régimes fiscaux avantageux, mais elle fait également face à des défis, notamment liés à la hausse de la TVA dans le secteur. Une bonne compréhension des règles fiscales applicables est essentielle pour assurer la pérennité et le développement des activités équestres, qu'il s'agisse d'élevage, de sport, de loisir ou de courses.

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