Selon les dernières statistiques officielle de l’INSEE, le revenu moyen annuel des agriculteurs était de 1 620 euros par mois en 2021, mais ce chiffre cache de fortes disparités.
La question du revenu agricole est primordiale si vous souhaitez acheter une exploitation agricole. Il sera en effet difficile de monter un plan de financement sans réaliser des prévisions sur vos revenus futurs. C’est également une question sensible d’un point de vue politique ou syndical.
Nous vous apportons un éclairage ainsi que les sources à consulter pour avoir des données fiables.
Le revenu agricole n’est pas équivalent au salaire net perçu par un salarié.
Il s’agit en effet du revenu « comptable » qui est la différence entre les produits et les charges de l’exploitation. Il s’agit en outre d’un revenu comptable qui n’est pas obligatoirement constatable sous forme de trésorerie disponible.
Pour mesurer la performance économique des exploitations agricoles, il est d’ailleurs souvent plus opportun d’étudier l’Excédent Brut d’Exploitation (EBE).
Par ailleurs, il faut différencier le revenu de l’exploitation agricole de celui de l’agriculteur. La majorité des exploitations agricoles étant sous la forme de sociétés, il faut donc diviser le résultat par le nombre d’associés participant aux travaux.
Ce chiffre peut être également très différent de la rémunération perçue par l’agriculteur.
Exemple :
Le revenu comptable de l’exploitation agricole est de 30 000 €. L’agriculteur se verse une rémunération de 1 500 € par mois, soit 18 000 € par an. La différence reste dans l’entreprise et peut être affectée à de l’investissement, à de la croissance du cheptel, à de la trésorerie ou à une diminution de l’encours des dettes.
A l’inverse, si l’agriculteur prélève 3 000 € par mois soit 36 000 €. L’écart soit 6 000 € viendra diminuer la trésorerie disponible, augmenter l’encours de dettes, …
La rémunération que se versent les agriculteurs est généralement inférieure à leur revenu. C’est la conséquence des investissements réalisés par les agriculteurs et d’une capitalisation forcée.
Le financement du foncier est un exemple parlant :
Vous achetez 20ha de foncier pour 6 000 € par hectare soit 120 000 €.
Avec un prêt à 4% sur 20 ans, vous devez faire face à une annuité de 8 829 € par an.
Le montant moyen des intérêts payés chaque année et qui vient donc réduire le résultat est de 2 830 €.
L’écart de 5 999 € par an :
Cette situation sera la même dès qu'un agriculteur autofinancera au moins partiellement un investissement. L'agriculteur développe donc souvent son patrimoine au détriment de ses revenus immédiats.
Il est difficile de parler de revenu sans parler du temps de travail. Si certains revenus agricoles peuvent être élevés, ils sont à mettre en relation avec le temps travaillé.
Selon l’INSEE, les agriculteurs travaillent en moyenne 55 heures par semaine, soit 20 heures de plus que l’ensemble des travailleurs.
Par ailleurs, 88% des agriculteurs travaillent également le week-end.
Pour analyser les revenus des agriculteurs en France, il est indispensable de s'appuyer sur des sources de données fiables et reconnues. Parmi celles-ci, l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), la MSA (Mutualité sociale agricole), et Agreste (le service de la statistique et de la prospective du ministère de l'Agriculture) fournissent des informations détaillées et actualisées.
Ces sources sont essentielles pour obtenir une image précise des revenus agricoles et pour identifier les tendances et les défis actuels.
Les revenus agricoles sont très variables. Ils sont en effet directement liés aux :
Ces éléments combinés créent un paysage économique complexe pour les agriculteurs français, nécessitant une adaptation constante et une gestion rigoureuse des exploitations.
Les revenus moyens des agriculteurs en France varient considérablement en fonction de plusieurs facteurs. En 2021, le revenu moyen des exploitants agricoles était de 1 620 € par mois (source INSEE). Ce chiffre est à peine au niveau du SMIC, mais il représente une amélioration par rapport aux années précédentes.
Revenus selon le régime fiscalLe revenu moyen est très différent sel
on le régime fiscal choisi. Il est logiquement plus faible pour les exploitations agricoles les plus petites qui sont soumises au régime du Micro-BA
Régime fiscal |
Revenu mensuel moyen en 2021 |
Micro-BA |
650 € |
Bénéfice Réel |
1 910 € |
Ce tableau concerne uniquement les agriculteurs imposés au bénéfice réel.
Production |
Revenu mensuel moyen en 2021 |
Production agricole |
1 860 € |
Céréales et grandes cultures |
2 150 € |
Culture de légumes, fleurs, plantes |
2 800 € |
Culture de vignes |
2 760 € |
Arboriculture |
2 440 € |
Production de bovins |
1 480 € |
Production d'ovins, caprins, équidés, autres animaux |
680 € |
Production de granivores |
1 710 € |
Culture et élevage combinés |
1 880 € |
Autres (sylviculture, services d’aménagement paysager, etc.) |
2 330 € |
Source INSEE
Agreste nous fournit des données sur le résultat comptable avant impôt d’un échantillon représentatif d’exploitations agricoles (réseau RICA).
Ce revenu est divisé par le nombre d’actif non salariés présents sur l’exploitation.
Production |
2021 |
Variation / 2020 |
2022 |
Variation /2022 |
Céréales et oléoprotéagineux |
57 114 |
+205,2% |
66 381 |
+10,0% |
Autres grandes cultures |
55 251 |
+56,5% |
89 599 |
+45,9% |
Maraîchage |
43 301 |
-16,5% |
44 461 |
+4,1% |
Horticulture |
45 914 |
+19.2% |
30 012 |
-28,7% |
Viticulture |
47 590 |
+24.4% |
78 590 |
+43,8% |
Fruits et autres cultures permanentes |
46 475 |
+47,6% |
29 360 |
-38,7% |
Bovins lait |
35 931 |
+35,8% |
54 473 |
+36,8% |
Bovins viande |
20 444 |
+35,7% |
26 601 |
+25,8% |
Ovins et caprins |
21 586 |
+2,5% |
19 819 |
-18,1% |
Porcins |
24 790 |
-41,2% |
124 409 |
+371,3% |
Volailles |
35 462 |
+23,0% |
58 317 |
+57,3% |
Polyculture, polyélevage |
39 781 |
+69,0% |
49 903 |
+14,1% |
Ensemble |
41 165 |
+53,3% |
56 014 |
+28,2% |
On constate une forte progression des revenus agricoles sur les années 2021 et 2022. Ces 2 années sont exceptionnelles : ce sont les plus hautes en terme de revenus agricoles et supérieures de 45% à la moyenne des 20 dernières années.
Hormis en ovins et caprins, on constate notamment un rattrapage du revenu des éleveurs.
Sources :
C’est un chiffre contesté issu de statistiques de la MSA de 2017 et basé sur les revenus de 2016.
En effet, pour ce calcul la MSA a retenu tous les agriculteurs possédant au moins un hectare de surface agricole utile, soit un seuil très éloigné de la taille moyenne des exploitations agricoles qui était de 69 hectares en 2020.
Ces statistiques englobent donc à la fois des retraités agricoles, des petits exploitants agricoles souvent pluriactifs et ayant donc d’autres revenus, …
Nous savons toutefois que les chiffres moyens masquent les revenus les plus faibles. Voici quelques chiffres datant de 2021 :
Face à la polémique suscitée par ces chiffres, la MSA ne communique plus sur le revenu moyen des agriculteurs.
Nous avons toutefois des indications au regard des cotisations sociales perçues par la MSA. Ces cotisations sont basées sur les revenus des agriculteurs et l’évolution de ces cotisations est donc un signal de l’évolution des revenus.
Année |
Variation des cotisations sociales |
2021 |
+1% |
2022 |
+2.1% |
2023 |
+16% |
A noter que les cotisations sociales sont appelées soit sur le revenu de l’année précédente, soit sur la moyenne des revenus des 3 années précédentes, selon les options choisies par les agriculteurs.
Cette évolution positive des cotisations perçues nous permet uniquement de constater une progression des revenus récents sans doute supérieure à 15%.
Les chiffres le prouvent, il est possible de bien gagner sa vie en tant qu’agriculteur même s’il ne faut pas compter son temps de travail.
Si les revenus des années 2021 et 2022 sont globalement très bons, ces 2 années sont exceptionnelles au regard des 20 dernières années.
En effet, les revenus agricoles sont très irréguliers et chaque filière connait régulièrement des crises qu’elles soient liées aux phénomènes climatiques ou à la conjoncture mondiale sur les prix.
Cet élément de forte variation est à prendre compte dans un projet de financement agricole. Et de faire preuve de rigueur dans sa gestion quotidienne : optimiser ses recettes et maitriser ses coûts.