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Les cotisations sociales MSA des agriculteurs

Publié le September 5, 2024 par Bernard Charlotin
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Les cotisations sociales MSA des agriculteurs

C’est quoi la MSA

La Mutualité Sociale Agricole (MSA) est le régime de protection sociale spécifique au monde agricole en France. Elle joue un rôle crucial dans la vie des agriculteurs, des salariés agricoles et de leurs familles en assurant leur couverture sociale complète. Il est important d'en comprendre le fonctionnement pour la réussite de votre projet d'installation en agriculture.

La MSA est un organisme unique qui gère l'ensemble des branches de la sécurité sociale pour le secteur agricole : maladie, maternité, invalidité, accidents du travail, retraite, prestations familiales, ainsi que le recouvrement des cotisations sociales. Cette approche globale permet à la MSA d'offrir un guichet unique à ses adhérents, simplifiant ainsi leurs démarches administratives.

En plus de ses missions de protection sociale, la MSA s'implique activement dans le développement des territoires ruraux. Elle propose des services de médecine du travail, de prévention des risques professionnels et de santé-sécurité au travail, adaptés aux spécificités du secteur agricole. La MSA joue également un rôle important dans l'action sanitaire et sociale en milieu rural, en proposant des aides et des services pour améliorer la qualité de vie des agriculteurs et de leurs familles.

Sommaire : 
1. 
L'affiliation à la MSA
    1.1 L'activité minimale d'assujettissement
    1.2 Agriculteur à titre secondaire
    1.3 Le régime de cotisant de solidarité à la MSA
2. Les cotisations sociales MSA des agriculteurs
    2.1 Les différentes cotisations MSA
    2.2 L'assiette de calcul des cotisations MSA
    2.3 L'abattement de cotisations MSA pour les jeunes agriculteurs
3. La retraite des agriculteurs
    3.1 La retraite forfaitaire
    3.2 La retraite proportionnelle
    3.3 La retraite complémentaire
    3.4 L'assurance volontaire Vieillesse
4. En conclusion
5. En savoir plus :
 

L'affiliation à la MSA

L'affiliation à la MSA est obligatoire pour toute personne exerçant une activité agricole en France, qu'elle soit à titre principal ou secondaire. Cette affiliation permet aux agriculteurs de bénéficier d'une protection sociale adaptée à leur situation professionnelle.

L'activité minimale d'assujettissement

Pour être affilié à la MSA en tant que chef d'exploitation ou d'entreprise agricole, il faut remplir certaines conditions, notamment l'activité minimale d'assujettissement (AMA). Cette notion a été introduite pour définir un seuil d'activité à partir duquel un exploitant agricole peut être considéré comme professionnel et donc affilié au régime de protection sociale des non-salariés agricoles.

L'AMA peut être atteinte de trois manières différentes :

  • La surface minimale d'assujettissement (SMA) : Il s'agit d'une surface de référence fixée par département et par type de culture. L'exploitant doit mettre en valeur une surface au moins égale à la SMA de son département.
    La SMA est définie par arrêté préfectoral dans le cadre du Schéma Directeur Des Structures Agricoles qui est très facile à trouver sur internet.
  • Le temps de travail : L'agriculteur doit consacrer au moins 1 200 heures par an à son activité agricole.
  • Les revenus professionnels : Les revenus professionnels générés par l'activité agricole doivent être au moins égaux à 800 SMIC horaires.

Si l'une de ces trois conditions est remplie, l'agriculteur est considéré comme atteignant l'AMA et doit être affilié à la MSA en tant que chef d'exploitation.

Agriculteur à titre secondaire

Il est possible d'être affilié à la MSA en tant qu'agriculteur à titre secondaire. Cette situation concerne les personnes qui exercent une activité agricole en complément d'une autre activité professionnelle principale. Dans ce cas, l'affiliation à la MSA se fait en parallèle de l'affiliation au régime de protection sociale correspondant à l'activité principale.

Pour être considéré comme agriculteur à titre secondaire, il faut que l'activité agricole représente moins de 50% du temps de travail total et génère moins de 50% des revenus professionnels. L'agriculteur à titre secondaire bénéficie d'une protection sociale adaptée à sa situation, avec des cotisations calculées en fonction de ses revenus agricoles.

Le régime de cotisant de solidarité à la MSA

Le régime de cotisant de solidarité à la MSA concerne les personnes qui exercent une activité agricole de faible importance, ne remplissant pas les conditions de l'AMA. Ce statut permet de maintenir un lien avec le régime agricole tout en bénéficiant d'une protection sociale minimale.

Les cotisants solidaires sont tenus de verser des cotisations à la MSA, mais à un taux réduit par rapport aux chefs d'exploitation. Ces cotisations leur donnent droit à certaines prestations, notamment en matière de formation professionnelle et d'action sanitaire et sociale. Cependant, ils ne bénéficient pas de la couverture maladie, maternité, invalidité et retraite du régime agricole.

Ce statut peut être une étape transitoire pour les personnes qui souhaitent développer progressivement leur activité agricole avant de devenir chef d'exploitation à part entière. Il permet également aux retraités agricoles de maintenir une petite activité sans perdre leurs droits à la retraite.

Les cotisations sociales MSA des agriculteurs

Les cotisations sociales MSA constituent une part importante des charges financières des agriculteurs. Elles permettent de financer leur protection sociale et celle de leur famille. Comprendre ces cotisations est essentiel pour une bonne gestion de l'exploitation agricole.

Les cotisations sont appelées pour les chefs d’exploitations, les conjoints collaborateurs, les aides familiaux, …

Les différentes cotisations MSA

Les agriculteurs sont tenus de verser plusieurs types de cotisations à la MSA, chacune correspondant à une branche spécifique de la protection sociale. Nous vous présentons les cotisations les plus importantes.

Cotisation AMEXA 

La cotisation maladie couvre les risques liés à la santé, à la maternité et à l'invalidité. Elle est calculée sur la totalité des revenus professionnels de l'agriculteur, avec un taux qui varie en fonction du niveau de ces revenus.

Pour les revenus supérieurs ou égaux à 110% du plafond annuel de la sécurité sociale (PASS), le taux est de 6,50%.

En dessous de ce seuil, le taux de cotisation est plus faible et est même supprimée en deçà de 40% du plafond annuel de la sécurité sociale (PASS).

Cotisation Prestations Familiales (PFA)

La cotisation famille (PFA) finance les prestations familiales versées aux agriculteurs.

Son taux est de 0% pour les revenus inférieurs à 110% du PASS, puis il augmente progressivement pour atteindre 3,10% pour les revenus supérieurs à 140% du PASS.

Cotisation Accident du Travail (ATEXA)

L'Atexa est une assurance obligatoire gérée par la MSA. Elle vous protège contre les risques d'accident du travail et les maladies professionnelles et leurs conséquences (arrêt de travail, dépenses de santé...).

La cotisation dépende de la branche d’activité agricole (viticulture, forêts, maraichage, culture et élevage, mandataires de sociétés ou caisses locales d’assurances) et est comprise entre 522 et 560 € pour un chef d’exploitation à titre principal.

Cotisation vieillesse (AVI et AVA)

La cotisation retraite se compose de deux parties :

  1. La retraite forfaitaire : son taux est de 3,32% sur les revenus dans la limite du PASS.
  2. La retraite proportionnelle : son taux est de 11,55% sur les revenus dans la limite du PASS et de 2,24% au-delà du PASS

S'ajoute à cela une cotisation pour la retraite complémentaire obligatoire (RCO) de 4% sur les revenus dans la limite de 4 fois le PASS.

Cotisation formation

La cotisation formation professionnelle est une contribution obligatoire qui finance la formation continue des agriculteurs. Son montant est fixé chaque année et s'élève à 0,61% du PASS pour l'année 2023.

Les contributions sociales des agriculteurs

En plus des cotisations MSA, les agriculteurs sont également soumis à des contributions sociales :

  1. La Contribution Sociale Généralisée (CSG) : son taux est de 9,2% sur 98,25% des revenus professionnels (dont 2,4% déductible et 6,8% non déductible).
  2. La Contribution au Remboursement de la Dette Sociale (CRDS) : son taux est de 0,5% sur 98,25% des revenus professionnels.

Ces contributions participent au financement global de la protection sociale en France.

L'assiette de calcul des cotisations MSA

L'assiette de calcul des cotisations MSA correspond aux revenus professionnels de l'agriculteur. Pour les exploitants individuels, il s'agit des bénéfices agricoles déclarés à l'administration fiscale. Pour les sociétés, l'assiette est constituée de la rémunération du gérant et d'une partie des bénéfices de la société.

Les agriculteurs ont le choix entre deux options pour déterminer leur assiette de cotisations :

  1. L'assiette triennale : basée sur la moyenne des revenus des trois dernières années.
  2. L'assiette annuelle : basée sur les revenus de l'année précédente. L’option pour l’assiette annuelle est réalisée pour une durée de 5 ans renouvelable tacitement.

Dans le cas où vos revenus professionnels ne sont pas connus, les cotisations sont calculées sur une assiette provisoire qui sera régularisée ultérieurement dès connaissance des revenus.

Le choix de l'assiette peut avoir un impact significatif sur le montant des cotisations, notamment en cas de fluctuations importantes des revenus d'une année sur l'autre.

L'abattement de cotisations MSA pour les jeunes agriculteurs

Pour encourager l'installation de nouveaux agriculteurs, la MSA propose un dispositif d'allègement des cotisations sociales pour les jeunes agriculteurs. Cet abattement s'applique pendant les cinq premières années d'activité.

Le dispositif prévoit une exonération partielle des cotisations sociales selon le barème suivant :

  • 65% d'exonération la première année
  • 55% la deuxième année
  • 35% la troisième année
  • 25% la quatrième année
  • 15% la cinquième année

Pour bénéficier de cet abattement, le jeune agriculteur doit remplir certaines conditions, notamment être âgé de 18 à 40 ans au moment de l'installation et avoir suivi une formation agricole.

Cet abattement constitue une aide précieuse pour les jeunes agriculteurs, leur permettant de réduire leurs charges sociales pendant la période critique du démarrage de leur activité. Il s'inscrit dans une politique plus large de soutien à l'installation en agriculture, essentielle pour assurer le renouvellement des générations dans le secteur agricole.

La retraite des agriculteurs

La retraite des agriculteurs est un sujet crucial qui mérite une attention particulière. Le système de retraite agricole, géré par la MSA, se compose de plusieurs éléments visant à assurer un revenu aux exploitants agricoles après leur cessation d'activité. Comprendre les différentes composantes de ce système est essentiel pour bien préparer sa retraite en tant qu'agriculteur.

La retraite forfaitaire

La retraite forfaitaire constitue le socle de base de la pension de retraite des agriculteurs. Elle est attribuée à tout chef d'exploitation ou d'entreprise agricole ayant exercé son activité à titre exclusif ou principal pendant au moins 17,5 années.

Le montant de la retraite forfaitaire est calculé en fonction du nombre d'années d'activité validées. Pour bénéficier d'une retraite forfaitaire à taux plein, il faut avoir validé une carrière complète, soit 166 trimestres pour les personnes nées en 1955 ou après. Ce nombre de trimestres requis augmente progressivement pour les générations suivantes.

Le montant maximal de la retraite forfaitaire est fixé à 3 569,08 euros par an en 2023 pour une carrière complète. Ce montant est proratisé en fonction du nombre de trimestres validés si la carrière est incomplète.

Il est important de noter que la retraite forfaitaire est soumise à une condition de cessation d'activité. Cependant, des dispositifs de cumul emploi-retraite existent, permettant sous certaines conditions de poursuivre une activité agricole tout en percevant sa pension.

La retraite proportionnelle

La retraite proportionnelle vient compléter la retraite forfaitaire. Elle est calculée en fonction des revenus professionnels de l'agriculteur tout au long de sa carrière et des points de retraite accumulés.

Chaque année, les cotisations versées par l'agriculteur lui permettent d'acquérir des points de retraite. Le nombre de points acquis dépend du montant des cotisations versées, lui-même lié aux revenus professionnels. Plus les revenus sont élevés, plus le nombre de points acquis est important.

Au moment de la liquidation de la retraite, le nombre total de points accumulés est multiplié par la valeur du point, fixée chaque année par arrêté ministériel. En 2023, la valeur du point de retraite proportionnelle est de 0,3438 euros.

La retraite proportionnelle permet ainsi de refléter l'effort contributif de l'agriculteur tout au long de sa carrière. Elle joue un rôle important dans la détermination du montant final de la pension de retraite.

La retraite complémentaire

En plus de la retraite de base (forfaitaire et proportionnelle), les agriculteurs bénéficient depuis 2003 d'un régime de retraite complémentaire obligatoire (RCO). Ce régime vise à améliorer le niveau des pensions de retraite des exploitants agricoles.

La RCO fonctionne également sur un système de points. Les cotisations versées au titre de la RCO permettent d'acquérir des points de retraite complémentaire. Le montant de la pension RCO est obtenu en multipliant le nombre de points acquis par la valeur du point RCO, fixée à 0,3438 euros en 2023.La mise en place de la RCO a permis d'augmenter significativement le niveau des pensions de retraite des agriculteurs. Elle contribue à réduire l'écart entre les retraites agricoles et celles des autres régimes de sécurité sociale.

Il est à noter que des dispositifs de revalorisation des petites retraites agricoles ont été mis en place ces dernières années, notamment avec l'instauration d'un complément différentiel de points de RCO pour garantir un montant minimum de pension.

L'assurance volontaire Vieillesse

L'assurance volontaire Vieillesse est un dispositif proposé par la MSA qui permet aux personnes ne remplissant pas les conditions pour être affiliées obligatoirement au régime de retraite des non-salariés agricoles de cotiser volontairement pour se constituer des droits à la retraite.

Ce dispositif peut concerner différentes situations :

  • Les personnes qui cessent leur activité agricole sans avoir atteint l'âge de la retraite et qui souhaitent continuer à cotiser pour améliorer leurs droits.
  • Les conjoints collaborateurs qui souhaitent cotiser pour leur propre compte.
  • Les personnes qui exercent une activité agricole à l'étranger dans un pays non lié à la France par une convention de sécurité sociale.

L'adhésion à l'assurance volontaire Vieillesse se fait sur demande auprès de la MSA. Les cotisations sont calculées sur une base forfaitaire ou sur les revenus professionnels, selon le choix de l'assuré.

Ce dispositif offre une flexibilité supplémentaire dans la constitution des droits à la retraite, permettant aux agriculteurs de s'adapter à des situations professionnelles variées tout en préparant leur future pension.

En conclusion

La gestion des cotisations sociales et de la retraite est un aspect fondamental de la vie professionnelle des agriculteurs. La MSA, en tant que pilier de la protection sociale agricole, offre un cadre complet et adapté aux spécificités du secteur.

Comprendre les différentes composantes des cotisations, qu'il s'agisse des cotisations maladie, famille, retraite ou formation, ainsi que les contributions sociales, est essentiel pour optimiser la gestion financière de l'exploitation.

De plus, les dispositifs tels que l'abattement pour les jeunes agriculteurs et l'assurance volontaire Vieillesse offrent des opportunités pour alléger les charges et préparer sereinement l'avenir.

Enfin, le système de retraite, bien qu'il puisse sembler complexe, assure une sécurité financière aux agriculteurs après leur carrière active. Il est donc crucial pour chaque agriculteur de s'informer et de planifier efficacement sa protection sociale pour garantir une transition réussie vers la retraite.

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